3-a
AU CABARET-VERT.
Depuis huit jours, j'avais déchiré mes bottines
aux cailloux des chemins. J'entrais à Charleroi.
- Au Cabaret-Vert : je demandai des tartines
de beurre et du jambon qui fût à moitié froid.
Bienheureux, j'allongeai les jambes sous la table
verte : je contemplai les sujets très naïfs
de la tapisserie. - Et ce fut adorable,
quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs,
- Celle-là, ce n'est pas un baiser qui l'épeure ! -
Rieuse, m'apporta des tartines de beurre,
du jambon tiède, dans un plat colorié,
Du jambon rose et blanc parfumé d'une gousse
d'ail, - et m'emplit la chope immense, avec sa mousse
que dorait un rayon de soleil arriéré.
aux cailloux des chemins. J'entrais à Charleroi.
- Au Cabaret-Vert : je demandai des tartines
de beurre et du jambon qui fût à moitié froid.
Bienheureux, j'allongeai les jambes sous la table
verte : je contemplai les sujets très naïfs
de la tapisserie. - Et ce fut adorable,
quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs,
- Celle-là, ce n'est pas un baiser qui l'épeure ! -
Rieuse, m'apporta des tartines de beurre,
du jambon tiède, dans un plat colorié,
Du jambon rose et blanc parfumé d'une gousse
d'ail, - et m'emplit la chope immense, avec sa mousse
que dorait un rayon de soleil arriéré.
3-b
¡AL CABARET VERDE!
Desde hace ocho días había desgarrado mis botines
contra las piedrecitas de los caminos. Entraba en Charleroi,
en el cabaret verde: pedí rebanadas de pan
con mantequilla y con jamón que estaban medio frías.
Bienaventurado, alargué las piernas bajo la mesa
verde: contemplé los motivos ingenuos
de la tapicería.
Y fue adorable
cuando la señorita de las tetas enormes, de los ojos vivos
-¡A ésta, no es un beso lo que le asusta!-
riente me sirvió las rebanadas de pan con mantequilla
y con jamón tibio, en un plato coloreado,
jamón rosa y blanco perfumado con un diente
de ajo, y me rellenó la jarra de cerveza inmensa, con su espuma
dorada por rayo de sol tardío.
Arthur Rimbaud, traducción de Carlos Arranz Ballano.
No hay comentarios:
Publicar un comentario